VOL A LA MERCERIE DE LAVOUX

Publié le par Les Amis du Patrimoine Lavousien

Les "anciens" de la commune de Lavoux se souviennent avoir entendu leurs grands parents parler de la mercerie de Lavoux qui aurait porté le joli nom de "A la confiance".

La découverte d'un rapport de la gendarmerie impériale vient attester de l'existence de ce commerce dans la commune dès le milieu du XIXème siècle.

En effet, dans la nuit du 17 au 18 janvier 1854, Joseph Roulet, dit Petit Jean, marchand ambulant, âgé de 29 ans est accusé d'avoir soustrait frauduleusement des marchandises consistant en objets de draperie et de mercerie au préjudice de Monsieur Pierre Papon, marchand colporteur et tenant la mercerie dans le bourg de Lavoux.

Le voleur s'est introduit dans le magasin intégré dans une maison habitée par des personnes occupant plusieurs appartements.

Nous trouvons la description de l'emplacement et de la façade de ce magasin dans le rapport fait par Paulin Fradin, juge de paix du canton de Saint Julien l'Ars :

"Nous avons reconnu que ce magasin est éclairé par une porte vitrée à deux battants ouvrant sur le chemin qui conduit de Saint Julien l'Ars à la Chapelle Moulière, cette porte vitrée à deux battants en bois de chêne dont l'un a une serrure et l'autre côté aussi de la porte vitrée a une serrure. Il y a une carreau de cassé à cette porte et l'on peut du dehors en passant la main par le carreau cassé pousser le pêne de la mauvaise serrure qui s'y trouve et ouvrir la porte très facilement"

Cette description est conforme à la photo reproduite ci-dessous

La mercerie de M. Papon et l'épicerie de M. JabouinLa mercerie de M. Papon et l'épicerie de M. Jabouin

La mercerie de M. Papon et l'épicerie de M. Jabouin

Il s'agit bien de la mercerie qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel numéro 2 de la rue de Saint Julien l'Ars, aujourd'hui maison particulière. La boutique fut ensuite occupée par une épicerie dont vous avez également une photo, puis par un "Café tabac".

Le café tabac au même lieu

Le café tabac au même lieu

Revenons aux faits :

Mais qu'à donc dérobé notre voleur ?

Nous l'apprendrons par le constat dressé par Louis Moine, Maréchal des logis chefs de la gendarmerie de Poitiers, Amédé Blaise, Michel Billard et Marc Bonnaventure de la gendarmerie impériale, qui dès le 18 janvier 1854 dresseront la liste des objets volés :

1 - Un paquet de drap noir et bleu contenant environ 25 mètres enveloppé dans une toile fine

2 - Un autre paquet en drap rayé, de 6 à 7 coupons

3 - Deux boîtes en carton contenant : l'une 50 à 60 cravates en soie noire et l'autre 1 bonnet de coton noir et 3 savonnettes

4 - Un paquet de mouchoirs en laine et coton pesant 1 kilogramme et demie

5 - Un paquet logé dans une toile à carreaux contenant d'autres cravates en soie, coton et laine

6 - 440 francs, dont 2 pièces d'or de 20 francs l'une, une pièce de 6 francs et 5 à 6 francs en petites pièces, le reste en pièce de 5 francs

7 - Deux montres en argent

au moyen de fausses clés et avec effraction intérieure, au domicile et au préjudice du Sieur Papon, marchand à Lavoux

Le montant du vol est alors estimé à 1550 francs.

Joseph Roulet sera arrêté le jour même par les gendarmes Blaise et Billard, au domicile du Sieur Thevenet, aubergiste à Poitiers.

Après l'avoir fouillé et trouvé sur lui divers objets volés, il a été "déposé au violon municipal" de Poitiers pour être ensuite remis à Monsieur le Procureur impérial de Poitiers.

Il sera jugé au motif de "vols qualifiés".

Plusieurs témoins seront appelés à témoigner à la cour d'appel de Poitiers, division criminelle :

- Pierre Papon, 27 ans, marchand colporteur résidant à Lavoux (la victime)

- Antoine Brissonnet, 39 ans, maire de Lavoux résidant à Lavoux, La Brosse

- Joseph Moron, cabaretier et cordonnier à Lavoux

- Isabelle Bouard, veuve de Louis Boutin, ancienne aubergiste à Lavoux.

Il sera alors renvoyé devant la cour d'assises de la Vienne le 3 février 1854.

Le document citant sa condamnation étant absent du dossier, nous ne pouvons ce jour vous la communiquer.

Peut-être la découvrirons-nous un jour ?

Rédaction : Chantal POPILUS

Participation : Alain Georgel et Robert Granseigne

Sources :

Mémoire collective et photos du fonds documentaire de l'APL

Archives départementales de la Vienne

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Publié dans Les brèves d'histoire

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