UNE OEUVRE EN PIERRE DE LAVOUX : LA FRISE EXTERIEURE EN BAS-RELIEF DU BEFFROI DE MONTROUGE

Publié le par Les Amis du Patrimoine Lavousien

Centre culturel et de congrès, le Beffroi. (Façades Sud et Est)

Centre culturel et de congrès, le Beffroi. (Façades Sud et Est)

C'est en 1933, "dans un contexte marqué par l'après guerre, puis par la crise économique et son cortège de problèmes sociaux, que l'individualisme cède la place au collectif, la culture de l'élite à la culture de masse. Des constructions nouvelles apparaissent." (1) Il en fût ainsi du "Centre administratif et salle des fêtes de Montrouge" (2) dans les Hauts de Seine.

Ce bâtiment a été construit à l'initiative du maire socialiste de l'époque Emile Cresp.

Conçu par l'architecte Henri Decaux, il accueillait :

- au rez-de-chaussée, les services administratifs municipaux,

- au 1er étage, une salle des fêtes de 1 600 places,

- au 2ème étage, la justice de paix, le commissariat de police,

- au sous-sol, une salle de boxe et de culture physique avec hydrothérapie.

Le bâtiment est couronné d'un beffroi de 43 mètres de haut. Les mûrs en béton sont revêtus, sur les  façades de briques rouges de Bourgogne et sont agrémentés d'une frise sculptée de calcaire blanc.

C'est cette frise sculptée en bas-relief, particulièrement bien intégrée à l'architecture qui interesse plus directement notre propos. En effet, elle est réalisée en calcaire de Lavoux qui a été travaillé, avec talent, en taille directe (3) par le sculpteur Louis Sajous, pour traduire dans cette oeuvre la vie de la cité Montrougienne.

Il est fort probable que la pierre de Lavoux ait été fournie par la Société Civet Pommier et Cie. Ayant son siège à Paris, celle-ci, dans les années 1930 exploitait près de 70 carrières sur le plan national et était une des plus célèbres société de carrières françaises.
 

En-tête de la Société Civet, Pommier et Cie.

En-tête de la Société Civet, Pommier et Cie.

A Lavoux, à cette même période, elle exploitait : la carrière de la Frémigère, les carrières de Champ Bergault, la carrière des Terrajaults et celle de l'Epine (voir notre article : Situation des carrières, lien ci-dessous )

Seule la carrière de l'Epine produit du "Lavoux à grains", particulièrement adapté à la sculpture. Il est donc vraisemblable que c'est de cette dernière, que nos carriers lavousiens d'alors ont extrait le matériau noble de la frise sculptée. Notons que celle-ci aujourd'hui est l'unique carrière encore exploitée dans la commune par la Société "Les carrières de la Vienne".

La carrière de l'Epine au début du XXème siècle.

La carrière de l'Epine au début du XXème siècle.

La frise de Louis Sajous, qui court sur une quarantaine de mètres tout le long des façades Ouest, Sud et Est du bâtiment et sur une hauteur de 1,50 mètre à 2 mètres, en une série de 28 bas-reliefs aux creux puissants, met en valeur 5 thèmes : les arts, l'économie, l'éducation, le sport, la politique (voir ci-dessous, le document : "Le programme de la frise") avec une représentation de 146 personnages.

UNE OEUVRE EN PIERRE DE LAVOUX : LA FRISE EXTERIEURE EN BAS-RELIEF DU BEFFROI DE MONTROUGE
UNE OEUVRE EN PIERRE DE LAVOUX : LA FRISE EXTERIEURE EN BAS-RELIEF DU BEFFROI DE MONTROUGE
UNE OEUVRE EN PIERRE DE LAVOUX : LA FRISE EXTERIEURE EN BAS-RELIEF DU BEFFROI DE MONTROUGE
Détails de la frise.

Détails de la frise.

UNE OEUVRE EN PIERRE DE LAVOUX : LA FRISE EXTERIEURE EN BAS-RELIEF DU BEFFROI DE MONTROUGE

En 2007, Etienne Lang, chroniqueur local, commente (5) ainsi la frise sculptée : "Les scènes prises sur le vif forment une sorte d'histoire laïque de la ville dans les années 1930, traitant les différents aspects de l'existence. Pas de tonalité pathétique... mais une représentation didactique, moralement correcte, ajustée aux valeurs républicaines (travail, instruction publique, loisirs codifiés) et célébrant pour une part la modernité et ses progrès (auto, avion, radio). Tout ceci préfigure aussi, d'une certaine manière, le Front populaire avec une mise en valeur du peuple (labeur ouvrier, conquête de la culture, loisirs sains)".

Au même titre que le bâtiment, cette frise, depuis 1989 est inscrite à l'inventaire général du patrimoine culturel, base Mérimée, sous le titre : La danse, les arts, la vie à Montrouge.

L'ancien "Centre administratif et salle des fêtes" de 1934 est devenu après la réalisation d'un programme de rénovation en 2012, le "Centre culturel et de congrès, le Beffroi". Rénovation faite sans dénaturer les principaux aspects patrimoniaux à l'extérieur du bâtiment, elle répond de manière esthétique et fonctionnelle au projet culturel du maire centriste actuel, Jean Loup Metton et de sa municipalité.

Il serait heureux qu'un jour prochain, un lavousien ou une lavousienne ou tout autre personne "montant" à Paris, fasse un détour par Montrouge et revienne avec des photos actuelles des 28 scènes de cette magnifique frise, dûe en partie à la qualité et à la spécificité de la pierre de notre commune.

Nous pourrions alors, les diffuser, les exposer, pour les partager, les admirer, les connaître plus en détail et ainsi compléter la première approche de cette oeuvre apportée par cet article.

 

"Les baigneuses" autre détail de la frise.

"Les baigneuses" autre détail de la frise.

Rédaction : Pour l'APL, Alain Georgel et Chantal Popilus

Participation : Merci :

- à Léandre Martin qui a découvert cette piste et nous en a informé

- à Robert Granseigne pour sa mémoire concernant les carrières.

Notes :

(1) Extrait d'un article paru dans Montrouge magazine, n° 83, juin-juillet-août 2009

(2) Il s'agit de l'intitulé original du bâtiment, par la suite il deviendra le "Le théâtre de Montrouge", pour être aujourd'hui le "Centre culturel et des congrès, le Beffroi".

(3) Taille directe : technique de taille pour sculpter sans croquis et modèle précis (esquisse) en amont. La forme révélée est celle imaginée progressivement par le sculpteur. Elle offre une grande liberté d'expression mais elle nécessite : créativité, confiance, habileté et contrôle de soi.

(4) et (5) in : Etienne Lang, Le théâtre de Montrouge, site internet "montbouge.info"

Sources :

- 1, 4 : voir notes ci dessus

- Montrouge 1934, sous la direction du docteur Pierre Bianquis, Editions Platinogravure (La), Montrouge, 1934

-"Le centre administratif et la salle des fêtes " dans le site personnel de M. Dubourg Guy

- Le parisien du 15 mai 2012

- Beffroi de Montrouge, Wikipédia

- Le Beffroi, site internet de la ville de Montrouge

- La danse, les arts et la vie à Montrouge, Base Mérimée

Les photos :

- Le Beffroi : site de la ville de Montrouge

- En-tête Civet, Pommier et carrière de l'Epine : fonds documentaire de l'APL

- Détails de la frise : Extraits du livre Montrouge 1934, cité précédemment (qui constitue une documentation sur les réalisations municipales de Montrouge de 1919 à 1934 distribuée en 1934, à tous les habitants de la ville).

La sculpture est mémoire ensoleillée
Miguel Angel Asturias

Publié dans Les carrières

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M
coucou<br /> Je peux lire à la suite la liste des panneaux de la fresque, j'aurai apprécié que ce soit détaillé sous chaque photos (j'ai du mal à identifier chaque scène).<br /> c'est très instructif, merci<br /> Amitiés
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