ÉVOLUTION DU MOBILIER DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN DE LAVOUX AU TRAVERS DE DIFFÉRENTES SOURCES D'ARCHIVES (DU XIXe au XXIe siècle)
Nous ne traiterons pas dans cet article de son histoire que nous nous promettons de faire prochainement, mais simplement des transformations qu’elle a subies depuis sa reconstruction dont les débats au sein du conseil de fabrique (1) ont commencé en 1842 à l’initiative de l’abbé Leclerc (2).
L’église Saint-Martin de Lavoux, d’abord remaniée au XVe siècle, sans savoir à ce jour ce qui fut fait (F. SEMUR, 1984), est entièrement reconstruite, agrandie, au même endroit, sauf son clocher qui est surélevé.
Il faut savoir que la démolition et la reconstruction d’une église répondent à certaines règles. Mgr X. Barbier de Montault (1878, p. 130) nous précise que « La démolition d’une église est autorisée sous certaines conditions : les matériaux seront employés au nouvel édifice… les vieux matériaux sont considérés comme sacrés et telle était autrefois en France la pratique générale… L’église sera rebâtie où elle fut érigée dans le principe. Ce lieu a été sanctifié par un long usage et la prière continue d’une foule de générations qui s’y sont succédé. Changer d’emplacement est une chose grave, qui ne peut se traiter à la légère et qui est complètement réprouvée par la tradition. »
Cette reconstruction durera plusieurs années faute de ressources financières initiales suffisantes. Certains éléments de son mobilier retrouveront une place dans l’église, d’autres vont disparaître alors que de nouveaux viendront compléter sa décoration et son aménagement.
Comparons pour commencer, deux photographies de l’intérieur de l’église, la première de 1932 et la seconde très récente.
Observons son éclairage. Les premières discussions du conseil municipal de Lavoux autour de l’arrivée de l’électricité de la commune remontent à 1923. L’église en a donc bénéficié.
Un lustre est suspendu au milieu du transept en 1932. Inscrit à l’inventaire général du patrimoine en 1994, il s’agit d’un lustre de bronze fondu et doré comprenant une couronne circulaire à 12 bougies, daté du XIXe siècle et d’une hauteur de 122cm. Sans doute très vite insuffisant pour un bon éclairage, il est relégué dans un placard et aujourd'hui remplacé par des « barres de néons » suspendues aux tirants de chaînage (3) destinés à stabiliser l’écartement des murs. Nous pouvons également observer des rampes de chauffage qui plus tard sont venues remplacer le poêle installé autrefois dans le bas-côté droit de l'église et dont on peut voir le conduit sortir du toit de l’église sur une ancienne carte postale.
La chaire en bois.
Nous la voyons sur la gauche de la photographie de 1932. Disparue aujourd’hui, nous pouvons seulement observer les traces de son emplacement, lisibles sur le pilier sur lequel elle était fixée. L’énigme demeure sur sa disparition et sur ce qu’elle est devenue. X. Barbier de Montault (1878, p. 224) nous donne de nombreux détails concernant la chaire dont voici quelques extraits « La chaire sert exclusivement à la prédication… elle se compose de deux parties : un escalier et une cuve…que l’escalier soit suffisamment large et muni d’une double rampe pour aider à monter, qu’il ne soit pas trop raide, car il ressemblerait à une échelle… Benoît XIII la demande demi-circulaire, avec une porte fermant à clef, pour que personne ne s’y introduise… »
Nous n’en voyons pas toutes les composantes sur cette photographie. Elle est très brièvement signalée dans l’inventaire de l’église du 10 mars 1845 : « une chaire à prêcher avec échelle ». Dans l’inventaire de l’église de 1851 elle est décrite ainsi : « une chaire à prêcher d’une forme carrée, avec une masse en pierre dessous, elle est surmontée d’un abat-voix, d’une couronne et d’une croix. On y monte par un escalier sans rampe », puis en avril 1853 nous trouvons dans les délibérations du conseil de fabrique, cette observation faite par l’abbé De la Porte Dutheil (4) au sujet de la chaire : «La chaire de l’église est dans le plus mauvais état, l’escalier pour y monter n’a point de rampe, il a besoin de deux faux limons (5), un de chaque côté et d’une colonne pour le supporter. La chaire n’a point de dossier. Pour faire les réparations nécessaires et la peindre à l’huile un ouvrier demande 95 francs ».
A la lecture de ce passage nous pouvons penser que l’escalier n’a jamais eu de rampe, puisqu’en 1853 les travaux n’étaient toujours pas réalisés. Ce que l’on peut constater, c’est qu’en 1932, elle était toujours dans l’église, que depuis elle a disparu sans que l’on connaisse ni le pourquoi, ni le comment de cette disparition.
L’autel principal.
Nous savons par l’étude de divers documents qu’il a subi de nombreuses modifications au cours des ans, (avec Vatican II puis à l’initiative du curé Dézanneau (6)). Nous en avons trois témoignages :
Deux autels latéraux encadraient autrefois l'autel principal. Ces 2 autels latéraux ont été démontés au moment de la séparation de l’église et de l’état en 1901. Ils étaient tous les trois fermés par une balustrade de bois travaillé que l’on aperçoit sur la photographie de 1932. Des traces de celle qui entourait les autels latéraux sont encore visibles dans les murs latéraux de l'église, elles ont tout simplement été sciées. Nous trouvons une description de l’autel en 1851dans l’inventaire qui nous donne également une description du chœur tel qu’il était à cette date : « Le grand autel en pierre en forme de tombeau est entouré des quatre côtés d’un triple rang de marches en pierres, le marchepied est en parquet de chêne, l’autel est recouvert d’une table en bois blanc. Le gradin et le tabernacle à double face sont garnis d’ornements en pâte. L’autel de la Sainte Vierge surmonté d’une niche, est entouré des trois côtés d’un double rang de marches en pierres. Le marchepied est en parquet de bois blanc, le gradin est en bois blanc peint. L’autel de Saint Eutrope est en tout semblable au précédent. Les trois autels sont entourés d'une balustrade à barreaux carrés en bois... ».
Cette description très précise nous donne une image de l’ensemble du chœur de l’église à cette période.
Le tabernacle
L'ancien tabernacle ( sur la photopagraphie de 1932) et le tabernacle actuel (diaporama)
L’autel est surmonté d’un tabernacle. Ils ne sont pas identiques sur les deux photographies. Sur la photographie de 1932, il s’agit d’un tabernacle en bois, cannelé avec des décors en relief, peint et mouluré, daté lors de son inscription à l’inventaire de fin XVIIe, début XVIIIe siècle, soit antérieur à la reconstruction de l’église.
Le tabernacle actuel est lui, daté du XIXe siècle lors de l’inscription à l’inventaire. Il s’agit d’un meuble de bois peint en faux marbre vert, gris et doré avec des décors de plâtre. Cette datation nous interroge. En effet, il n’était pas exposé sur l’autel en 1932, alors qu'elle est reconstruite au milieu du XIXe siècle. Vient-il d’un autre lieu, a-t-il été offert plus tard à l’église ?
X. Barbier de Montault (1878, p. 182) nous explique : « On nomme tabernacle, tabernaculum, le meuble destiné à renfermer la réserve eucharistique. Cette dénomination lui vient de ce que, au moyen-âge, la forme générale était celle d’une tente, comme l’a démontré Viollet-le-Duc… le tabernacle doit être en bois. Cette matière est plus sèche et conserve mieux les hosties. »
La tribune et son tableau de Saint-Martin.
Ce tableau de Saint-Martin fait partie du mobilier de l’église précédente et fut placé dans la tribune au moment de la reconstruction. Il est daté de 1765, signé du peintre Pacour (7) et du commanditaire, Paillé, prieur (8). L’inventaire général du patrimoine culturel nous apprend de ce tableau « qu’il était probablement un élément de retable, il devait orner l’arrière du maître autel ».
Représentant Saint-Martin de Tours en Evêque bénissant une église derrière laquelle s’élève une fumée rouge. Image qui fera dire à Joseph Salvini (Bulletin de la SAO,1965, p. 228) que ce panneau représenterait "l’intercession de Saint Martin, patron de l’église luttant contre l’incendie de l’église de Lavoux qui détruisit peu avant 1757 le maître autel édifié en 1703". Théorie à ce jour non démontrée. Si nous nous attardons sur la tenue des registres paroissiaux de la commune de Lavoux faite par l’abbé Paillé, prieur de Lavoux dès 1744, à aucun moment il ne fait le récit d’un incendie. Nous savons qu’à cette époque les prêtres n’hésitaient pas à utiliser les registres pour noter des évènements importants. L’église de Lavoux n’a d’ailleurs jamais eu de croisées comme représentée sur le tableau mais cela peut dépendre d'une représentation tronquée due au peintre. Dans l’attente de confirmation de ce fait, il ne peut s’agir que d’hypothèse.
Trois autres tableaux « de petites tailles » sont cités dans l’inventaire de 1851 : Ceux de la Vierge, de Saint Joseph et de Sainte Radegonde. Une observation attentive de la première photographie de l'église (1932) nous permet d’en distinguer au moins deux, sur les piliers de chaque côté du chœur. Ils ne sont plus présentés dans l'église, sans doute sont-ils dans un des placards de la sacristie ?
L'armoire de sacristie.
Datée de la première moitié du XVIIe siècle, cette armoire coffre remarquable en bois de chêne polychromé est un des objets classés de l’église de Lavoux. Elle a été restaurée au début des années 2000 à l'initiative de la municipalité et n’est pour l’instant pas visible dans l’église. Pour le voir, il est nécessaire de s’adresser à la mairie de Lavoux qui en assure la protection dans l’attente d’une remise en place sécurisée dans l’église.
Dans sa partie gauche, nous pouvons voir une peinture représentant le sacrifice d’Abraham, au milieu, l’allégorie de la mort et dans sa partie droite l’échelle de Jacob.
Joseph Salvini (Bulletin de la S.A.O., 1970, tome X, 4ème série, p 404) au sujet de la première colonne du tableau de l'histoire du monde à l'abbaye Sainte Croix représentant un cadavre étendu sur un linceul, "on lit dessous "Le salaire de la peur". Il est curieux que j'aie trouvé la même idée avec ce texte (qui est de Saint Paul) sur une armoire de sacristie de l'église de Lavoux, décorée de peintures à la même époque : ce texte y souligne la mort représentée sous la forme d'un squelette debout."
Le chemin de croix.
Il est érigé le 26 janvier 1850 lors d’une cérémonie officielle. Il s’agit d’un ensemble de 14 lithographies réalisées à Paris chez « Veuve Turgis ».
"Le Chemin de croix rappelle le chemin parcouru par Jésus portant sa croix dans les heures qui ont précédé sa mort. Dans chaque église, on retrouve sur les murs un ensemble de quatorze tableaux appelé "chemin de croix". Chaque année, pendant la Semaine sainte, en s’arrêtant devant chacun d’eux, les chrétiens se remémorent les derniers moments de la vie de Jésus" (catholique.fr)
Le confessionnal.
De chaque côté duquel nous voyons deux stations du chemin de croix dont nous venons de parler
X. Barbier de Montault (1878, p. 232) précise « le confessionnal est le siège sur lequel s’assied le prêtre pour entendre les aveux que les fidèles viennent lui faire de leurs fautes… est une meuble transportable et ne doit pas faire corps avec le monument… de nos jours, il se partage en trois compartiments égaux, celui du milieu pour le prêtre et les deux autres pour les pénitents… ». Celui de l’église Saint-Martin de Lavoux correspond à cette définition. Il est daté par l’inventaire général du patrimoine de la première moitié du XIXe, ce qui correspond à la période de reconstruction de l’église. Il comprend une loge centrale avec deux « guichets » à jalousie coulissant et des loges latérales ouvertes. L’inventaire de l’église daté du 10 mars 1845, nous apprend que le confessionnel disposait de trois rideaux rouges. Même s’il semble ne plus servir, espérons que comme la chaire il ne disparaisse pas et fasse l’objet de restaurations.
Le bénitier.
Daté par l’inventaire général du patrimoine culturel de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle il est inséré dans une niche. Il est en pierre, de forme semi circulaire, avec des décors en relief. Nous trouvons l’histoire de ce dernier, dans la même délibération du conseil de fabrique : « Nous, le curé (il s’agit toujours d’Henri De la Porte Dutheil) observe que l’église manquant d’un grand bénitier où les fidèles pourraient prendre de l’eau bénite pour porter dans leur maison, il s’en est procuré un très beau avec son piédestal, le tout en pierre dure, très bien taillé et sculpté, il l’a fait placer à incruster dans le mur, lui a fait donner une couleur de marbre, il en fait don à l’église ».
Il est venu remplacer l’ancien bénitier considéré par lui comme trop petit, il n’appartenait donc pas à la précédente église. Ceci nous est confirmé par l’inventaire de l’église du 13 septembre 1851 fait pour l’arrivée de M. De la Porte Dutheil et présent également dans l’inventaire du 10 mars 1845. L’église disposait alors de : « Un bénitier et goupillon argentés. Un bénitier en étain et goupillon en cuivre. Un petit bénitier en faïence à la porte de la sacristie ».
X. Barbier de Montault (1878, p.239) nous précise le sens du bénitier. « Comme son nom l’indique, le bénitier est un vase destiné à contenir l’eau bénite, à l’usage des fidèles qui se signent en entrant à l’église car ils se purifient pour entrer dans le lieu saint… »
L’inventaire général du patrimoine culturel, nous montre deux photographies de 1968 de bénitiers de pierre. Ils étaient disposés dans la cour du presbytère et recyclés en cuve à plantes. Aujourd'hui, ils sont tous les deux disparus.Le premier, octogonal de la première photographie ne serait-il pas plutôt le précédent baptistère de l'église de Lavoux dont nous parle X. Barbier de Montault ? Ceci semble une hypothèse envisageable.
Les fonts baptismaux.
Daté par l’inventaire général du patrimoine culturel du XIXe siècle, ils sont de marbre veiné rose et gris. De forme ovale, ce mobilier est composé de deux cuves circulaires dont une avec évacuation et de deux cuves rectangulaires. Il possède un couvercle de bois.
Dans un chapitre consacré à l’étude des fonts baptismaux, X. Barbier de Montault (1878, p. 244 et 246) écrit : « D’après le rituel et l’usage romain, on baptise sur un bassin qui reçoit l’eau baptismale. En France, on divise les fonts par un compartiment fixe : d’un côté est l’eau baptismale et de l’autre, une cuvette, percée à la partie inférieure d’un trou qui communique avec le sol et par lequel s’écoule l’eau versée sur la tête de l’enfant… souvent on donne à l’ensemble la forme circulaire, rarement la forme carrée ; mais très fréquemment il est octogonal parce que le nombre huit est le chiffre de la régénération et de la béatitude »
Les fonds baptismaux actuels ne sont pas les premiers fonds baptismaux de l’église de Lavoux. L’inventaire de 1851 nous les décrit ainsi : « Un baptistère en pierre de forme octogone, avec distribution en bois dans l’intérieur, couverture en bois et une croix sans Christ ».
Nous trouvons là, la forme octogonale dont nous venons de voir la symbolique ci-dessus. Nous ne savons pas à quelle date il fut remplacé et ce qu’il est devenu.
Les chaises et les bancs : Même s’ils font partie intégrante du mobilier, leur évolution est l’objet d’une étude particulière qu’il serait trop long de faire ici. Ceci fera l’objet d’une autre publication
La statuaire.
L’église Saint-Martin de Lavoux offre aujourd’hui un décor dépouillé en comparaison de ce qu’il était au début du XXe siècle. Ceci n’est pas un cas particulier, Charlotte Pon-Willemsen, (2011, p. 49) nous dit : « Les intellectuels catholiques… le clergé… après les changements liturgiques du concile de Vatican II, a été saisi d’un zèle iconoclaste qui a chassé beaucoup de statues des églises, les a reléguées dans les sacristies, les tribunes, les combles… quand il ne les a pas tout simplement détruites ou vendues. »
Nous savons que la plupart des prêtres de la paroisse ont marqué leur passage dans la commune en apportant des modifications au mobilier de l’église, de nombreuses preuves nous en sont données par les délibérations du conseil de fabrique. Pouvons-nous alors appliquer l’évolution de la statuaire de l’église de Lavoux à ce que nous en dit Charlotte Pon-Willemsen ? Pourquoi pas.
Actuellement l’église est ornée de sept statues.
En entrant dans l’église sur la gauche, la première que nous trouvons est :
Saint Eutrope, actuellement entouré par la rampe pour les personnes handicapées.
Il fut le premier évêque de Saintes. Après avoir rempli sa mission d’évêque et prêché aux incroyants, il vit s’élever contre lui les païens. Il fut frappé à la tête d’un coup de hache et mourut.
Statue de pierre, elle est inscrite à l’inventaire général du patrimoine culturel.
Nous trouvons cette statue citée dans le testament du 19 septembre 1548 de Messire Jehan Giraud, prêtre demeurant à Lavoux dans lequel il manifeste le souhait d'être enterré au pied de Saint Eutrope. Ceci atteste une datation du XVIe siècle, voire peut-être antérieure. Elle n’est pas bien sûr à sa place d’origine. Dans l’inventaire de 1851 elle est dans la niche au dessus d’un autel situé à gauche du grand autel. Elle est la seule statue à figurer dans l’inventaire de 1901. Nous vous invitons à vous reporter à notre article : « Saint Eutrope ou Saint Borromé » :
SAINT EUTROPE OU SAINT BORROMEE ? - Lavoux Patrimoine et Histoire
La statue de l'église Saint Martin de Lavoux. De mémoire centenaire de Lavousiens, cette statue, que l'on peut voir, sur la gauche en entrant dans l'église en début du bas-côté, serait celle ...
http://www.patrimoineethistoiredelavoux.com/2015/05/saint-europe-ou-saint-borromee.html
Ou encore celui intitulé : « La légende des bras brisés de Saint Eutrope », mis en ligne le 6 octobre 2014
LEGENDE DES BRAS BRISES DE SAINT EUTROPE - Lavoux Patrimoine et Histoire
Tchi qu'a r'marqué que l'estatue de St Eutrope (1) dans l'édjise de Lavoux a les deux pougnés d'cassés ? Mais d'y'un desart. Mais de y'où qu'o d'vient ? J'va vous z'ou dire coume mon père m'o...
http://www.patrimoineethistoiredelavoux.com/2014/10/legende-des-bras-brises-de-saint-eutrope.html
Saint Antoine de Padoue (1195-1231)
Il est né à Lisbonne en 1195, de la famille de Godefroy de Bouillon et entra à 15 ans dans l’ordre des Chanoines réguliers de Saint-Augustin. (Cet ordre était celui des moines de l’abbaye de Saint Hilaire de la Celle à Poitiers dont dépendait le prieuré-cure de Saint Martin de Lavoux). Il entre ensuite dans l’ordre de Saint François, enseigna dans les universités de son temps, notamment à Montpellier, Toulouse, Bologne ou encore Padoue.
Ne figurant dans aucun des inventaires de l’église (1845 et 1851) en notre possession nous ne pouvons dire depuis quand il est dans l’église. (Statue de plâtre)
Charlotte Pon-Willemsen (2011, p.73) nous précise au sujet de Saint Antoine de Padoue : « extrêmement populaire en France et au-delà de nos frontières depuis des siècles… ce succès ne s’est pas démenti au XIXe siècle… Dès 1893 une statue de Saint Antoine a été bénie dans plusieurs églises de Poitiers : Saint Porchaire, Saint Hilaire, Sainte Radegonde, Saint Jean de Montierneuf ».
Saint Joseph (1er siècle).
Charpentier à Nazareth, en Galilée va devenir l’époux de Marie puis le père nourricier de Jésus.
Charlotte Pon-Willemsen (2011, p. 65) nous apprend : « C’est seulement le 10 septembre 1847 que Pie IX (1846-1878) a étendu à toute l’église la fête du patronage de Saint Joseph… Le 8 décembre 1870, l’Encyclique « Quemadmodum » le programmait patron de l’église universelle… Ces récits de bénédictions s’échelonnent de 1870 à 1914, ce qui indique que ces œuvres ont peu à peu peuplé nos églises… »
Cette statue ne figure dans aucun des inventaires de l’église. Cette statue de plâtre est installée dans une niche à gauche de l’autel.
La Vierge à l’enfant (vers 57).
Située dans une niche à droite de l’autel, cette statue de plâtre est citée dans les inventaires de l’église de 1845 et 1851. Fêtée le 15 août de chaque année, jour de l’assomption, cette fête a pour objet de célébrer à la fois la bienheureuse mort, la glorieuse résurrection et la triomphante assomption de la très Sainte Vierge au ciel. Elle fut d’ailleurs vénérée cette année 2017 comme le montrent sur la photographie les nombreuses fleurs déposées à ses pieds (la photographie a été prise dans les derniers jours d’août).
Sainte Thérèse de l’enfant Jésus (1873-1897).
Nous trouvons une statue identique à celle de Lavoux dans l’église Saint-André de Niort fabriquée dans l’atelier Rouillard, (Charlotte Pon-Willemsen, 2011, p. 67).
Née Marie Thérèse Françoise Martin le 2 janvier 1873 à Alençon (Orne), elle entre au Carmel en avril 1888 après avoir obtenu une dérogation du Pape compte tenu de son jeune âge. Elle décède le 30 septembre 1897 à Lisieux. Elle est canonisée par Pie XI le 17 mai 1925 et proclamée patronne universelle des missions le 14 décembre 1927. Le Pape Jean-Paul II la nommera Docteur de l’église universelle le 19 octobre 1997.
Cette statue de plâtre ne figure dans un aucun inventaire, ce qui est normal, sa naissance étant postérieure aux dates des inventaires en notre possession.
Dans le chœur :
Saint Martin (mort en 400).
Saint Martin (mort en 400).
Patron de l’église de Lavoux, il figure dans les inventaires de 1845 et de 1851. (Statue de plâtre).
Il est représenté en Evêque, mais a perdu sa crosse et son livre.
Il est né sur les frontières de l'empire romain le 8 novembre 397 où son père était en garnison. A 15 ans, il est soldat car la loi romaine obligeait les fils de soldats à s'enrôler dans l'armée. Il est muté en Gaule et c'est là, qu'à Amiens, il rencontre le pauvre grelottant avec qui il partage son manteau. En 356, il se rend à Poitiers pour rejoindre Saint Hilaire, alors Evêque de Poitiers. Avec lui, il fonde le premier monastère des Gaules, à Ligugé, à côté de Poitiers. C'est là qu'il sera enlevé par les habitants de Tours qui en font leur évêque. Mais l'ancien soldat devenu chrétien ne s'enfermera pas dans sa cité. Il évangélisera jusqu'à sa mort en parcourant les campagnes et à terme cette vocation apostolique lui vaudra le surnom d’ « Apôtre des Gaules ».
Il est le patron de très nombreuses églises.
L’immaculée conception.
Statue de plâtre, elle n’est signalée que dans l’inventaire de 1851.
Elle est fêtée le 8 décembre. Pour la foi chrétienne, Marie est indissociable de l’enfant qu’elle a porté, Jésus, en qui s’est totalement manifesté Dieu. Elle est appelée, depuis le concile d’Éphèse (431), « Mère de Dieu ». Selon la tradition catholique, depuis le dogme promulgué par le pape Pie IX, le 8 décembre 1854, elle est déclarée préservée du péché originel dès sa naissance.
En dehors des statues que nous venons de décrire, l’église de Lavoux possède plusieurs autres statues.
Reléguées dans un grenier dans un certain désordre, mal protégées des intempéries, tenues les unes par les autres au milieu de bras perdus et autres objets, elles ne sont actuellement pas visibles :
Il s’agit de statues de plâtre de :
Jeanne d'Arc (1412-1431)
Originaire de Lorraine dans une famille de paysans, Jeanne affirme entendre les voix de saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite lui commander de libérer la France et de faire sacrer le roi à Reims. Le roi lui ayant confié une armée Jeanne vole au secours d’Orléans et délivre la ville. Deux mois plus tard Charles VII est sacré à Reims. Elle est condamnée comme hérétique et meurt brûlée vive à Rouen le 30mai 1431
On peut voir sa statue sur la première photographie de l’église (1932) à droite du chœur sur un des piliers
Remisée au grenier, elle fut un temps honorée par les paroissiens de Lavoux. La Semaine Religieuse du 19 septembre 1919 (p. 767-768) dans un article intitulé « Jeanne d’Arc à Lavoux » nous explique que depuis 18 mois Jeanne d’Arc est honorée dans de nombreuses communes, elle sera alors honorée également à Lavoux : « Grâce au zèle intelligent et à l’entrain de son curé, l’abbé Dézanneau, la paroisse de Lavoux ne resta pas inférieure à ses devancières et dimanche dernier elle célébra dignement la Vierge de Domremy… L’archiprêtre bénit la statue de la Bienheureuse, ce fut soudain le chant « A l’étendard ». Après une grande messe et des vêpres, une procession défila dans les rues du bourg.
(Cet article nous parle également des drapeaux blanc et bleu que portaient les jeunes filles : ils sont eux aussi dans le grenier… espérons que les souris ne les aient
pas appréciés).
Le sacré cœur.
C’est sans doute la plus grande statue gisant dans le grenier, soutenue par sa voisine qui l’empêche de tomber sur le sol. On peut également voir cette statue sur la première photographie de l'église à gauche du chœur sur un des piliers. On la voit également, derrière l'autel sur la photographie de ce dernier datant de 1922.
Le Sacré-Cœur est une dévotion au cœur de Jésus-Christ, en tant que symbole de l'amour divin par lequel le fils de Dieu a pris la nature humaine et a donné sa vie pour les hommes. La solennité du Sacré Coeur a été instituée par le pape Clément XIII en 1765 et étendue à toute l'Eglise catholique romaine par le pape Pie IX en 1856. (Wikipédia)
Sainte Radegonde (519-587).
Les différents inventaires de l’église ne signalent pas sa présence, seul dans celui de 1851 est cité « un tableau de Sainte Radegonde ».
Comme nous le voyons sur la photo, elle est encore dans un état de conservation correct.
Originaire de Thuringe où elle était fille de roi, elle fut faite prisonnière dans une guerre qui opposait son pays au roi des Francs Clotaire.
Nous reprendrons ensuite quelques extraits de l’article de Charlotte Pon-Willemsen (2011, p. 31-48). « Radegonde devenue reine des Francs en épousant Clotaire, fils de Clovis, fondatrice de l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers, puis patronne de la ville … ses nombreuses statues ornent les églises, non seulement dans le diocèse de Poitiers, mais dans toute la France et même au-delà… »
Sans doute en plâtre, celle de l’église de Lavoux est représentée en reine, couronnée tenant un sceptre (cassé) dans la main. Son manteau est parsemé de fleur de lys, symbole de royauté.
Le manoir disparu de Lavoux Martin dépendait en 1610 du chapitre de Sainte Radegonde. Sa chapelle a disparu avec les ruines du manoir dans les années 1850… il est permis d’imaginer que cette statue ornait la chapelle du manoir et fut remise à la paroisse au moment de sa démolition. Ceci n’est bien sûr qu’une supposition…
Saint Michel Archange.
C’est sans doute, avec le sacré cœur l'une des plus grandes statues remisées. Statue de plâtre aux couleurs peu altérées, il a perdu son bras droit, (des bras gisent sur le sol, peut-être le sien ?) et sa lance. Il est comme très souvent représenté en armure terrassant Satan.
D’après les Saintes Ecritures, Michel est le prince des anges, de la Milice céleste, l’allié du Christ et de tous les saints.
Symbole du Mont Saint-Michel, il orne la flèche de l’abbaye.
Cette statue ne figure dans aucun des inventaires de l’église.
Saint Martin (mort en 400, évêque, apôtre des Gaules).
(Voir le texte de la statue de St. Martin située dans le chœur de l’église)
De facture sans doute plus ancienne que celle qui trône dans le chœur de l’église, il est représenté en militaire. Une question cependant demeure, faute de description de ces statues dans les inventaires de 1845 et 1851, nous ne pouvons dire laquelle est citée dans ces derniers. En revanche, nous avons là, avec ces deux statues de Saint Martin, une représentation des différentes périodes de sa vie.
Saint Hilaire (vers 315-367, Evêque de Poitiers, Père de l’église).
Représenté en Evêque, il porte une mitre rouge et dorée que nous ne voyons pas sur la photographie car cachée derrière une poutre. Ces couleurs sont encore restées vives et en dehors d’une main manquante elle est dans un état correct de conservation.
« Hilaire de Poitiers, évêque de Poitiers, né vers 315 et mort en 367, est un écrivain latin chrétien. Théologien du IVᵉ siècle, il fut un grand défenseur de l'orthodoxie nicéenne face à l'arianisme et au sabellianisme ». (Wikipédia)
Il sera déclaré premier Docteur de l’Eglise latine en 1851, par le Pape Pie IX.
Dès 1068 la paroisse de Lavoux est rattachée au chapitre de Saint Hilaire, on peut donc s’interroger sur les raisons de sa relégation dans le grenier alors qu’il s’agit d’un témoignage ancien de l’histoire de notre commune.
Louis Marie Grignon de Montfort (1673 – 1716).
Il est né le 31 janvier 1673 à Montfort-sur-Meu en Ille-et-Vilaine et mort le 28 avril 1716 à Saint-Laurent-sur-Sèvre en Vendée. C’est un prêtre français fondateur de deux congrégations religieuses : la Compagnie de Marie (Pères montfortains) d’où seront issus les Frères de Saint Gabriel et une congrégation féminine : les filles de la Sagesse. Il est canonisé en 1947 par Pie XII.
Petite statue de plâtre, qui ne figure dans aucun inventaire, dans un bon état de conservation elle possède la particularité d’avoir sous son socle, un petit carré de cuivre inséré en creux et marqué, a priori d’un cœur vendéen. Ceci pourrait être une marque de sacralisation, la fermeture d'une boîte contenant une relique... dont nous ignorons actuellement le contenu.
Support de statues.
Ils sont nombreux à joncher le sol du grenier ne demandant sans doute qu’à retrouver leurs heures de gloire.
Toutes ces statues mériteraient d’être mises à l’abri des intempéries et devraient recevoir une attention particulière pour les préserver des détériorations qui ne manqueront pas de s'accentuer. Espérons que l’étude en cours sur l’église, lancée par la mairie de Lavoux pourra apporter les remèdes nécessaires.
Nous avons l’exemple de l’église d’Antigny (Vienne) où elles sont installées dans le fond du chœur de l’église.
Quelques mots rapidement sur le « Prieuré », tant son histoire depuis plusieurs siècles est complexe et qu’il nous faudra prendre le temps de finir d’étudier puis d’écrire. Cet espace en herbe avant d’être la propriété de la commune fut pendant plusieurs siècles la propriété de l’église. Il était entouré d’un mur de pierres dont nous avons quelques représentations et était alors source de profit pour l’église. Plus tard, il recevra un château d’eau puis un lavoir.
(voir notre article : "Du puits communal de Lavoux à l'eau courante"
DU PUITS COMMUNAL DE LAVOUX A L'EAU COURANTE - Lavoux Patrimoine et Histoire
L'ingéniosité de l'homme pour mettre à la disposition de tous, l'eau, ce bien précieux indispensable à la vie, a de tous temps été remarquable. Dès le IIIème siècle avant J.C. le premier ...
Sans doute quelques lavousiens en gardent-il la mémoire. Faute d’attention particulière cet espace perd progressivement les traces de son histoire. Les divers aménagements lui font perdre aujourd'hui son caractère d'espace libre et ouvert.
Le centre du bourg de Lavoux, lieu important d’histoire et de témoignage du passé fait partie du patrimoine de notre commune, il mérite d’être valorisé et aménagé avec cohérence pour en garder le caractère particulier.
Notes :
- conseil de fabrique : la fabrique était instituée dans chaque paroisse, elle assurait la responsabilité du fonctionnement matériel et financier des biens à disposition de la paroisse et était composée du curé, du maire et de cinq à neuf membres élus en fonction du nombre d’habitants de la commune. La fabrique fut supprimée par la loi de séparation des églises et de l’état en 1905.
- L’abbé René Leclerc fut curé de Lavoux de 1839 à 1851
- Le tirant sert à relier les 2 croix de chaînage entre elles. C'est lui qui, une fois tendu, retient entre elles les façades d'une construction. Le tirant passe donc à l'intérieur de la maison, généralement en longeant les murs.
- L’abbé Jean Henri De la Porte Dutheil fut curé de Lavoux de 1851 à 1880.
- faux limons : le faux limon est une poutre qui soutient des éléments joints à un escalier.
- L’abbé Dézanneau fut prêtre de la paroisse de Lavoux de 1907 à 1963
- François et Jean Pacour font partie de ces artistes itinérants qui sillonnaient, au 18è siècle, les routes du Royaume de France en quête de travail. On ne sait rien de ces artistes qui étaient à la fois peintres, doreurs et sculpteurs, ni le lieu, ni la date de leur naissance ou de leur décès… (Inventaire du Poitou Charentes)
- Le prieur Paillé exerça son ministère dans la paroisse de Lavoux de 1744 à 1769
Eléments bibliographiques :
- Bernard Baudouin, Encyclopédie des Saints : tous les Saints de l’Eglise de Rome, leurs œuvres et leurs bienfaits. Editions Trajectoire, 2016.
- Mgr Barbier de Montault, Traité pratique de la construction, de l’ameublement et de la décoration des églises selon les règles canoniques et les traditions romaines. Louis Vivès librairie éditeur, 1878.
- M. L’Abbé Pétin, Dictionnaire hagiographique ou vies des saints et des bienheureux. Aux ateliers catholiques du Petit-Montrouge, Paris, 1850.
- Charlotte Pon-Willemsen, Les statues en plâtre en Poitou, signes et témoins d’un siècle de vie paroissiale. Revue historique du Centre-ouest, tome X, 1er semestre 2011.
- Charlotte Pon-Willemsen , Les statues religieuses en plâtre : l’exemple de Sainte Radegonde. Revue historique du Centre-ouest, tome X, 1er semestre 2011.
- Joseph Salvini, Un tableau de l’église de Lavoux, Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1er trimestre 1965, Tome VIII, 4ème série.
- Joseph Salvini, Tableau de l'histoire du monde a l'abbaye Sainte Croix. Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1970, Tome X, 4èem série.
- François Semur, Abbayes, prieurés et commanderies de l’ancienne France (vers IVe siècle – vers XVIIIe siècle), Poitou, Charentes, Vendée, Imprimerie Régionale, 1984.
Réalisation : Chantal Popilus avec la participation d'Alain Georgel et de Robert Granseigne
Photographies : Fonds documentaires de l'A.P.L.
La conservation des monuments du passé n'est pas une simple question de convenance ou de sentiment. Nous n'avons pas le droit d'y toucher. Ils ne nous appartiennent pas.
John Ruskin