LES RÉFUGIÉS DE 39-45 À LAVOUX (Vienne)

Publié le par Les Amis du Patrimoine Lavousien

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LES RÉFUGIÉS DE 39-45 À LAVOUX (Vienne)

De 1939 à 1945, le département de la Vienne a connu plusieurs vagues de réfugiés :
- De septembre 1939 à août 1940, le département de la Vienne accueille essentiellement des réfugiés Mosellans
- De septembre 1943 à août 1944,  le département de la Vienne accueille essentiellement des réfugiés du littoral atlantique et méditerranéen et de grandes villes.

- Suite aux bombardements de Poitiers du 13 juin 1944 de nombreux poitevins quitteront la ville.

C’est dans ce cadre que la commune de Lavoux va  accueillir 21 réfugiés :

Un seul arrivera de Freymang, Moselle, Erwald Wittenberg. Cette commune qui avait mis en place le 1er septembre 1939 un plan d’évacuation de ses habitants. Il exercera le métier d’instituteur.

La clase de l'école de Lavoux en 1944. À droite, l'instituteur Erwald Wittenberg et à gauche l'institutrice Germaine Rageau.

La clase de l'école de Lavoux en 1944. À droite, l'instituteur Erwald Wittenberg et à gauche l'institutrice Germaine Rageau.

En 1945, la classe d'Erwald Wittenberg et de Germaine Rageau rendant hommage aux libérateurs.

En 1945, la classe d'Erwald Wittenberg et de Germaine Rageau rendant hommage aux libérateurs.

6 familles de réfugiés viennent de Poitiers d’où ils sont évacués suite aux bombardements de la ville du 13 juin 1944 :
- Baudin Esther, née Deschamps. Vient seule à Lavoux, elle est hébergée à Noussec (lieu-dit de la commune) sans précision de la famille d’accueil. Son mari René Joseph Baudin est employé de la SNCF. Il reste à Poitiers.

- Lydie Brun, ses 5 enfants et une adulte Lucie Sandillon sont accueillis chez Abel Dupin, carrier. Le mari qui exerce le métier de voyageur reste à Poitiers.
- Daniau Renée, née Trinquet avec ses trois enfants sont accueillis chez Victor Trinquet, carrier. Son mari, Serge Victor Trinquet qui exerce la profession de casernier auxiliaire* reste à Poitiers. Ils ont quitté la commune après le premier septembre 1944.
- Guinet Réjane, née Porteau avec ses six enfants sont accueillis à Noussec où à Ambertin (le lieu diffère selon les documents). La famille d’accueil n’est pas mentionnée. Son mari, Henri Guinet qui est artisan cycles reste à Poitiers. Ils ont quitté la commune après le premier septembre 1944.
- Suzanne Méry, née Laurent avec ses deux enfants sont accueillis à Lavoux chez Hélène Quintard dont le mari cordonnier-coiffeur est décédé en 1940. Jean Armand Méry, son mari est prisonnier de guerre. Ils ont quitté la commune après le 4 octobre 1944.
- Madeleine Veillerot, née Begonin avec ses deux enfants. Son lieu d’hébergement à Lavoux n’est pas dans le dossier. Son mari, Jean Veillerot exerce à Poitiers le métier de cordonnier reste à Poitiers.

Lorsque les réfugiés de Poitiers ont quitté Lavoux, le premier décembre 1944, le conseil municipal de Lavoux réunit sous la présidence de Jean Brissonnet "autorise le maire à toucher la somme de 1000 francs prévue au budget additionnel article 2 chapitre XI pour les verser aux sinistrés de Poitiers".

Le boulevard du Grand Cerf et le pont ferroviaire sur le Clain après les bombardements de Poitiers (source ADV)
Le boulevard du Grand Cerf et le pont ferroviaire sur le Clain après les bombardements de Poitiers (source ADV)

Le boulevard du Grand Cerf et le pont ferroviaire sur le Clain après les bombardements de Poitiers (source ADV)

5 familles de réfugiés viennent de Nantes qui essentiellement en mars et septembre 1943 connaîtra de violents bombardements :
- Brandichon Marie-Marguerite, arrive seule à Lavoux en juin 1944, elle est alors âgée de 76 ans et exerçait à Nantes la profession de lingère.  Nous ne connaissons pas la famille dans laquelle elle est affectée. En revanche, nous savons que suite à sa demande elle est autorisée à retourner à Nantes le 12 février 1946.

- Cartillier Maximilien. Après s’être réfugié à Chantelou en Seine-et-Oise, est rapatrié à Lavoux avec son épouse née Simone Fasquel et leurs cinq enfants. Les deux parents exercent alors le métier d’artiste dramatique. Nous n’avons aucune indication concernant la famille qui a hébergé cette famille.
- Férréol Mathilde, née Oheix, son mari et son fils évacué de Nantes en septembre 1943 sont dans un premier temps hébergé à Poitiers. Son mari blessé lors des bombardements de Poitiers le 13 juin 1944 décèdera le 16 juin 1944. Mathilde et son fils René Jean sont ensuite évacués à Lavoux sans que l’on sache dans quelle famille. Durant leur hébergement à Poitiers, leur fils qui avait commencé à Nantes des études d’architecture les continue aux Beaux-Arts de Poitiers et chez Monsieur Ursault, architecte à Poitiers.
- Tascon Françoise, sans profession est évacuée de Nantes avec son fils André malade pour Lavoux. Nous ne connaissons pas la famille dans laquelle ils seront hébergés.

- Tricaud Albertine, ménagère arrive à Lavoux le 30 mai 1944 avec ses deux filles Jacqueline et Gisèle. Peu d’éléments dans son dossier sauf qu’elles partiront de Lavoux le 15 octobre 1944.

La rue du Clavaire bombardée, Nantes. (Source : Patrimonia)

La rue du Clavaire bombardée, Nantes. (Source : Patrimonia)

1 famille de réfugiés vient de Tours :
- Barillet Jacques, âgé de 8 ans, fils de Henri Barillet, prisonnier de guerre en congé de captivité  et de Simonne Delétang demeurant à Tours, cité du Sanitas, employé à la SNCF est évacué à Lavoux. Il  vient seul à Lavoux et est hébergé dans sa famille.

1 famille de réfugiés vient de Bordeaux :
- Dutheil Simone, fille de Georges Léopold Dutheil, carrier et de Claire Amélie Deschamps, est évacué  de Bordeaux en juin 1943 et réfugiée à Lavoux avec son neveu, Jean Manger âgé de deux ans chez  les grands-parents de ce dernier, Georges Dutheil  Ils ont quitté la commune après le premier septembre 1944.

7 familles de réfugiés viennent de Paris ou de la région parisienne :
- Bouchet Georgette, née Leclerc évacuée en mai 1944 du Bourget avec son fils âgé de 8 ans sont hébergés chez M. Arnault à la Brunetière, commune de Lavoux. Son mari, Robert Félix Boucher exerçant le métier de monteur  est resté au Bourget.
- Delétang Renée Jeanne, fille de Delétang Odette, veuve est évacuée de Neuilly-sur-Seine en octobre 1943. Elle est hébergée chez Madame Delétang demeurant à Lavoux. Odette Delétang avait une autre fille âgée de 16 ans en traitement au péventorium de Sallanches en Haute-Savoie.
- Harbaux Josette, âgée de 9 ans est évacuée seule, en mai 1944 d’Issy-les-Moulineaux, Seine. Ses parents André Harbaux, commis vendeur et son épouse Marie Thoraval restent à leur domicile. Leur fille Josette sera accueillie par Monsieur et Madame Louis Lasnier à Lavoux.
- Hourdillat Jacqueline, 12 ans et sa sœur Monique âgée de 6 ans sont évacuées de Malakoff (Seine) en juillet 1944. Leurs parents Albert Hourdillat, terrassier et Margueritte Mercy restent à leur domicile. Les deux fillettes sont hébergées chez Madame Pouvreau à Lavoux.
- Maitre Émilienne, née Ledoux qui exerce la profession d’Agent de service hospitalier est évacuée d’Issy-les-Moulineaux en août 1944. Elle est évacuée avec sa fille Monique âgée de 5 mois. Son mari Gustave Maitre reste à son domicile. Émilienne Ledoux est la fille d’Émilien Ledoux et d’Angélina Milon. Toutes les deux sont hébergées chez Madame Ledoux à Lavoux.
- Rageau Serge évacué en avril 1943 de Boulogne-Billancourt, prisonnier de guerre rapatrié, employé au métro. Il est réfugié à Lavoux avec son épouse  née  Bodin Marthe et leur fille Rageau Michèle. Aucune précision quant à la famille qui les a accueillie.
- Sabourin Marianne, née Bourré, concierge et sa fille Marcelle âgée de 17 ans, sont évacuées de Bois-Colombes, Seine. Le mari Henri Alexandre Sabourin, chauffeur autos reste à son domicile. Son épouse et sa fille sont réfugiées à Lavoux. Si nous ne connaissons pas le nom de la famille qui les a recueillies Henri Alexandre est le petit fils de Maurice Sabourin et Jeanne Ussereau demeurant à l’Écluzioux, commune de Lavoux. Nous pouvons penser que Marianne et sa fille Marcelle sont accueillies dans cette famille.

Ce sont 57 personnes pour 21 familles qui ont été réfugiées à Lavoux. Si nous rapportons ces chiffres à la population de la commune nous pouvons estimer le nombre de réfugiés à un peu moins de 10% de la population. (La commune compte 763 habitants en 1936 et 641 en 1946)

Les communes environnantes ont également accueilli des réfugiés :
- Liniers : 7 familles - Bignoux : 21 familles, Jardres : 11 familles, Saint-Julien l'Ars : 34 familles.

Nous trouvons, plus de 75 ans plus tard, en Ukraine, les mêmes phénomènes  de transfert de population contraintes de se réfugier loin des lieux de bombardements quittant dans le déchirement des membres de leur familles, leur domicile et inquiets de savoir ce qu'ils retrouveront. Certains sont comme à Lavoux recueillis par des membres de leur famille et d'autre bénéficient de la générosité collective.

Cet article est réalisé exclusivement à partir des éléments contenus à partir du dossier des archives départementales de la Vienne : 22 W 235.

Notes :
Casernier :
Agent militaire chargé de la conservation du matériel, des bâtiments et terrains d'une caserne.

Si vous le souhaitez, vous pouvez pour soutenir les Ukrainiens faire un don à la Fondation de France (lien ci-dessous) ou tout organisme de votre connaissance.

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