SUR LA PLACE DE LAVOUX : UNE MARE COMMUNALE, son histoire

Publié le par Les Amis du Patrimoine Lavousien

La mare située entre le cimetière et le monument aux morts. Cliché APL, 1951.

La mare située entre le cimetière et le monument aux morts. Cliché APL, 1951.

Depuis quand cette mare existe-t-elle ?  Observons le plan du cadastre napoléonien levé en 1820 pour la commune de Lavoux sur lequel les mares sont représentées en vert et plus particulièrement le secteur de la place :

Archives départementales de la Vienne, Cadastre napoléonien de 1820

Archives départementales de la Vienne, Cadastre napoléonien de 1820

Sur ce plan, aucune mare n'est représentée sur la place. C'est au travers de délibérations du conseil municipal de la commune de Lavoux que nous allons trouver quelques traces de son existence.
En 1874, le Sieur Ripoteau Paul est accusé par le maire, d'avoir faire construire sans autorisation un mur sur la place de Lavoux sans autre précision. Nous pourrions imaginer que Monsieur Ripoteau, à la fois carrier et fermier, et dont l'habitation donnait sur la place, ait fait creuser - à moins qu'elle existait déjà - cette mare et l'aurait entourée de mur.
Les recours contre Paul Ripoteau seront abandonnés par la commune de Lavoux faute pour cette dernière de pouvoir prouver que la place lui appartient.
La commune va très vite se préoccuper de ce sujet et faire dresser par Monsieur Baudouin, agent voyer*, le plan de la place qui réclamera en novembre 1876 la somme de 35 francs en règlement de ce travail.
1880, la propriété par le commune de la mare de la place de Lavoux nous est confirmée quand la commune réclame à Charles Tabuteau la somme de 10 francs en règlement des boues de la mare qu'il a acheté. Boue qu'il va, à priori, utiliser pour amender son jardin ou une partie de ses terres.
13 novembre 1904, la mare communale de la place a besoin de réparations. Le conseil municipal saisit Monsieur le Préfet pour obtenir une aide pour le financement de ces travaux.

Les années passent, la mare est essentiellement utilitaire. Elle sert à abreuver les troupeaux des fermes du bourg de Lavoux.

Pour en savoir plus sur l'histoire des fermes nous vous invitons à consulter deux articles de notre blog consacrés à ce sujet :
 

Comme nous pouvons le voir sur la photographie en début d'article, la mare était aussi un lieu de rencontre, une aire de petits lavages divers, une source d'eau pour le cimetière tout proche. De plus, quelques anciens ont le souvenir d'une zone de jeu lorsqu'ils étaient enfants : glissade sur la glace, navigation dans une barrique, entre autre.

Ce petit plan d'eau entouré plus tard de saules pleureurs a été bien souvent le décor de photos prises lors de rassemblement comme ci-dessous lors du mariage de la famille Brechet :

 

SUR LA PLACE DE LAVOUX : UNE  MARE COMMUNALE, son histoire

Une photo aérienne de 1958 nous permet, malgré sa mauvaise qualité, de localiser l'emplacement de la mare communale sur la place  :

Photographie aérienne de 1958. (IGN, remonter le temps)

Photographie aérienne de 1958. (IGN, remonter le temps)

2 mai 1962, le sort de la mare de la place est scellé en ces termes lors d'une réunion du conseil municipal : "L'adduction d'eau étant terminée dans l'agglomération et la mare étant un point d'eau insalubre, particulièrement l'été, débordant l'hiver sur la place publique et sur plusieurs routes qui traversent le bourg, le Conseil Municipal décide à l'unanimité des membres présents de la combler dans les moindres délais et de faire effectuer ce travail par un entrepreneur bénévole".
Cette délibération est approuvé par le Préfet, le 8 mai 1962.

De l'avis que quelques anciens du village, les propos concernant les débordements de la mare en hiver sont un peu excessifs et nous rappellent le proverbe : "Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage".

Devenue "parking" la place maintenant goudronnée se doit d'accepter d'être parsemée lors de fortes pluies de quelques flaques d'eau que chacun à dû quelques fois éviter, rappelant ainsi la présence de la mare :

La place et ses flaques d'eau...

La place et ses flaques d'eau...

Et pour en savoir plus sur l'arrivée de l'eau à Lavoux, n'hésitez pas à lire l'article de notre blog en cliquant sur le lien ci-dessous :

Peu de temps après, le 21 janvier 1966 au moins une autre mare va disparaître. Elle est accusée d'être "source de nuisance pour le voisinage". Le conseil municipal trouve alors nécessaire de la faire combler, avec l'accord du propriétaire, quand les "entrepreneurs des carrières de Lavoux disposeront de déchets". Il s'agit de la mare de l'Ecluzioux :

Archives départementales de la Vienne, Cadastre napoléonien de 1820

Archives départementales de la Vienne, Cadastre napoléonien de 1820

12 août 1972, le conseil municipal est à nouveau saisi  au sujet d'une autre mare : "M. X souligne la nécessité d'élargir le virage du chemin rural de Pied de grolle à la Chaumillière et de combler la mare qui s'y trouve". Le conseil municipal serait d'accord pour l'élargissement de ce virage en comblant une partie de la mare à condition cependant que d'autres personnes  n'ait un droit sur cette mare et d'en obtenir l'accord. La suite de cette affaire nous est inconnue.

Heureusement de nombreuses mares ont survécu à ces comblements. En 2012, deux membres de notre association, Marie José Porcher et Catherine Menard ont recensé la présence de 25 mares sur la commune de Lavoux. En dehors de leur localisation, leur état est souligné et à peine la moitié pouvait être qualifiée d'entretenue ou en bonne santé.

Essentielles pour le maintien de la biodiversité, les mares constituent également des espaces symboliques du patrimoine rural, comme nous le rappel le contenu du plan local d'urbanisme (PLU) de la commune de Lavoux élaboré en 2015. À l'heure où l'inquiétude est grande concernant l'usage de l'eau, entretenir et sauvegarder ces points d'eau semble essentiel.

Nos remerciements vont à Robert Granseigne, témoin essentiel de la vie de notre village pour cette  seconde partie du XXème siècle, Chantal Popilus, pour ses recherches dans les archives ainsi que Marie José Porcher et Catherine Menard pour leur excellent travail d'inventaire.

N'hésitez pas à rédiger un commentaire à cet article et à nous procurer des clichés du passé de Lavoux. Nous les scannerons et vous les rendrons avec nos remerciements.

Notes :
Agent-voyer : Fonctionnaire chargé de veiller à l'entretien et/ou à l'aménagement des voies de communication, de la voirie d'une ville.

 

Publié dans Le petit patrimoine

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M
Merci pour cet article très intéressant et essentiel pour comprendre le passé de nos points d'eau et les protéger pour l'avenir.
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L
Ce récit répond à un des objectifs de notre association : faire connaître et partager le patrimoine de notre commune. Merci de votre commentaire.